De la compétence
Sarkozy se refuse de remettre en question son bouclier fiscal, (si injuste) au prétexte que celui-ci permet de maintenir en France les personnes aisées et compétentes. Nonobstant le fait que les chiffres disent le contraire, un tel argument ne tient pas compte de l’aspect collectif d’une réussite.
Il est à souligner que nul n’est indispensable. La preuve est que beaucoup, qui se croyaient irremplaçables, sont aujourd’hui dans les cimetières. La relève attend de prendre les places occupées et peut être de manière plus efficiente. " La détention de la compétence est moins la cause réelle de l’arrivée au pouvoir que la détention du pouvoir n’est la preuve supposée de la possession de compétence " (Frédéric Lordon)
Tous ces gens si compétents, que sarkozy souhaite faire venir en France ou les garder sur notre territoire, ont été dans l’incapacité de voir venir la crise financière actuelle qui s’est propagée dans toute l’économie. Ont-ils atteint le seuil de Péters ?
Le corps social le plus frappé par la crise, est constitué de ceux qui sont désormais indigents. Ils ne sont pas responsables de ce désastre et n’ont eu aucun profit, ou si faible lors des années d’expansion qu’il en était négligeable. La pleonexia (désir d’avoir toujours plus) s’est illustrée en cette crise. En effet, cette dernière ne constitue nullement un frein pour que ses privilégiés ( PDG et traders) bénéficient de stock-options et également pour les premiers un parachute doré.
Ces personnes si compétentes se targuent d’une réussite personnelle lorsque l’entreprise prospère et ne reconnaissent aucune responsabilité lorsqu’elle est en difficulté ou périclite
Ces gens si compétents ont créé des produits financiers (exemple titrisation), chacun apportant sa touche de complexité, que, pris individuellement, chacun était dans l’impossibilité d’en connaître le contenu exacte (d’autant qu’il n’y a aucune traçabilité) tant ils sont devenus si sophistiqués, échappant ainsi à tout contrôle, y compris d’eux-mêmes, d’où la crise actuelle qui a commencé par les subprimes et s’est étendue à toute l’économie réelle.
La responsabilité de cette faillite n’en est pas moins collective, dirigeants-dirigés, entrepreneurs-salariés, enseignants- enseignés, etc... Les premiers sont d’autant plus responsables qu’ils étaient en situation soit de décider soit d’inculquer une vision économique proche de la pensée unique. Les autres se sont laissés fourvoyer, bercer d’illusions et ont laissé faire, sans rien tenter. C’est également une faillite intellectuelle comme le souligne Frédéric Lordon