Laïcité et inconsistance
Analysons les positions de M. Bayrou extraites des débats à l’Assemblée Nationale du 3 février 2004 : " La laïcité n’est pas l’ennemi de la conviction religieuse, mais la prise en compte de toutes ". Il est vrai que " La laïcité n’est pas l’ennemi de la conviction religieuse " mais la laïcité n’est pas et ne devrait surtout pas être " la prise en compte de toutes " sinon ce serait le communautarisme cultuel.Toute religion porte en elle une propension à l'intolérance, parce qu'elle vise la recherche d'un Absolu, elle est toujours en danger d'absolutiser ses propres convictions. " (Gérard Delteil, dans son article "Dieu serait-il laïque?). Les croyances, la religion relèvent de la sphère privée. Notre république les respecte et ne fait aucune distinction (article 1 de notre constitution). L’Etat ne doit en reconnaître aucune, cette reconnaissance n’est pas de la compétence d’une nation qui se dit laïque.
" Autrement dit, encore, sauf à démontrer que le port d’un insigne religieux est nuisible à la société, nul n’a le droit de l’interdire ". Pourquoi rattacher le fait de montrer de manière ostentatoire son appartenance religieuse au caractère nuisible ? La laïcité est indépendante de cette distinction. Comme indiqué Bernard Stasi (3 juillet 2003) " La laïcité s’est imposée comme une garantie de neutralité des pouvoirs publics ". La notion de laïcité fait nullement référence au caractère nuisible ou non.
" Ce projet (interdiction du port du voile, dans les établissements d’enseignement) est souvent perçu comme une régression, dans le monde arabe, mais aussi dans le monde anglo-saxon,... qui donne le sentiment que la laïcité devient hostile au fait religieux, qui suscite l’inquiétude de certains de nos concitoyens, qui donne au monde l’impression que la France s’en prend aux droits de l’homme… C’est pourquoi la majorité du groupe UDF, redoutant le réveil des querelles religieuses et l’exacerbation des tensions communautaires, s’abstiendra. " Etonnante cette position pour un ancien ministre de l’éducation nationale, s’abstenant. Bayrou un ministre de l’éducation nationale apprécié car insignifiant, le mot d’ordre était surtout ne pas faire de vagues, ne pas se mettre les syndicats à dos. Il ne sait se positionner devant des enjeux primordiaux, comme la laïcité, principe universel, à valeur républicaine et il brigue la plus haute fonction ? Bayrou a une propension à ne jamais se positionner clairement ou alors à conditionner ses réponses par des "si ", "semble-t-il ", "à condition que " "dans la mesure où ", "apparemment ", " peut-être que " etc…. Cette attitude lui permet de froisser personne et ainsi de ne jamais véritablement déplaire (sauf parfois mais c’est tellement rare).
Ce qui est surprenant c’est qu’il justifie son abstention par des considérations externes. Est-ce aux autres pays à nous dicter notre mode de vie ? Qu’en est-il alors de notre souveraineté ? De tels propos illustrent une inconsistance certaine qui serait préjudiciable à la France. Cette inconsistance se retrouve également par certaines de ses propositions qu’il reprend soit à sarkozy soit à Ségolène (exemple : en ce qui concerne le second porte-avions, Bayrou veut "le faire avec les Anglais, pour partager les coûts". Ségolène a dit de le faire avec les partenaires Européens).