Crédibilité des sondages ?
Les sondages s’étaient trompés en 2002, bis repetita pour 2007 ? Les sondeurs se justifient par le nouveau comportement des électeurs, plus inconstant ou volatil que par le passé (Alain Garrigou - Problèmes politiques et sociaux - 2003). Les leçons n’en sont pas tirées et ce n’est pas le but recherché. De Toute évidence pour les sociétés de sondages, politiquement, le but est ailleurs, lorsqu’il est crucial.
La mise en cause de l'intégrité des institutions de sondage est légitime au regard de l’obédience politique de la personne qui assure la présidence de la société de sondage (Laurence Parisot, à l’Ifop également présidente du Medef et proche de sarkozy). De même, Ipsos intervient beaucoup pour l'UMP, où Nicolas Sarkozy est gros consommateur d'études qualitatives (les Echos du 17 février 2007).
L’opportunité d’un sondage est également un facteur qui est pris en considération notamment pour influencer. Une enquête sur la sécurité est réalisée juste après des violences ne donnera pas le même résultat si elle est effectuée à un moment où aucun événement majeur de cette nature est signalé. Pourquoi n’a-t-on pas interrogé les français sur ce qu’ils pensaient de l’attitude de sarkozy aux Etats-Unis lorsqu’il s’excusait pour " l’arrogance " de la France ? s’interroge si justement (Nicolas Cadène 16 février 2007)
L’ancien président de la Sofres, Pierre Weill s’était étonné de certaines questions dont la formulation influençait la réponse. La question peut être tendancieuse du style "que préférez-vous: Que l’on coupe dans les dépenses inutiles comme le propose le candidat X ou qu’on alourdisse le fardeau des contribuables comme dans le programme du candidat Y?. La question peut être également suggestive en commençant par " Ne croyez-vous pas que… "
Il est constaté un taux croissant de non-réponses aux sondages d’opinion parmi certaines couches de la population (jeunes, catégories populaires). Ils craignent que ce phénomène n’affecte la représentativité des échantillons et ils le mettent en parallèle avec la hausse de l’abstentionnisme. (Alain Garrigou - Problèmes politiques et sociaux - 2003)
Les diplômés sont surreprésentés par rapport aux " non-diplômés " (constat de chercheurs de Sciences-Po révélé dans Le Canard Enchaîné du 3 avril 2002) Les personnes les moins éduquées, les moins insérées et les plus âgées se montrent d'une façon générale très réticentes à répondre aux sondeurs (les Echos du 17 février 2007)
La présentation peut être également biaisée en occultant de présenter tel ou tel résultat. Le syndicat de journalistes SNJ et la Société des Journalistes du quotidien économique avait dénoncé une publication partielle et partiale d’un sondage par " La Tribune " qui avait censuré, le lundi 4 septembre 2006, la partie des résultats qui plaçait Ségolène en tête des candidats à la présidentielle pour les questions économiques et sociales.
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant comme le fait remarquer Yann Riché (7 février 2007), que les résultats diffèrent d’une société de sondage à une autre au sujet de la place de Ségolène par rapport à sarkozy.
- Chez LH2 au 3 février l’écart est de 6 points en faveur de Sarkozy (contre 3 dans le sondage précédent).
- Chez TNS Sofres au 1er février l’écart est de 6 points contre 4 dans le précédent mais les deux baissent, Royal plus fortement que Sarkozy.
- Chez Ipsos au 29 janvier l’écart est de 9 points contre 3 précédemment.
- Chez Ifop au 25 janvier l’écart n’a pas bougé, reste de 4,5 points.
- Enfin chez CSA l’écart est de 4 points au 31 janvier contre 1 dans le sondage précédent
Tous ces éléments démontrent qu’il convient de s’interroger sur la crédibilité des sondages d’opinions politiques. On a plus tendance à remettre en cause les sondages quand sa favorite n’est pas en tête, j’en conviens, mais même lorsque les résultats peuvent apparaître réconfortants il est important de relativiser de la même manière.