Se rassembler

Publié le par jps

Bien sûr qu’il y a des divergences entre Ségolène et François Bayrou, mais regardons d’abord ce qui peut rassembler sans pour autant attendre un ralliement  "Je ne cherche pas à convaincre François Bayrou mais à faire un bout de chemin ensemble et à entretenir le dialogue direct avec les Français". (Ségolène débat avec F.Bayrou 28 avril 2007). " Il y a, de tout temps, des gens qui ont des trajectoires différentes, mais qui ont des idées qui peuvent converger. Il y a des désaccords avec François Bayrou, évidemment. [ …] Il est naturel que les dirigeants politiques, qui veulent transformer la France, fassent le constat de leurs convergences (Arnaud Montebourg France 3 le 24.04.07). Cette démarche pragmatique, et néanmoins sincère, justifie la main tendue de Ségolène à F.Bayrou. Le lien le plus fort qui unit, à mon sens les deux électorats qu’ils incarnent est le danger démocratique que représenterait l’élection de Sarkozy.

F.Bayrou a constaté que " On ne peut pas rencontrer plus différents que Nicolas Sarkozy et moi " (F.Bayrou 16 mars 2007) " Son projet de société est l'opposé du mien […]Nicolas Sarkozy incarne une société violente qui oppose les citoyens les uns aux autres. Une société d'autant plus violente qu'il en vient à penser que c'est à la naissance que tout est joué, thèse totalement anti-scientifique et anti-humaniste. En disant cela, Sarkozy remet en cause les valeurs communes autour desquelles a été construite la société française " (F.Bayrou 8 avril 2007, JDD) " Lorsqu'il s'agit de faire dériver le camp républicain vers des mots, des phrases, des affirmations, des comportements qui sont en réalité ceux de l'extrême droite, là je trouve qu'il y a une chose inquiétante pour la démocratie française " (F.Bayrou 16 avril).

Il existe, entre F.Bayrou et Sarkozy, de véritables oppositions sur les valeurs politiques, estime Xavier Jardin, politologue, spécialiste de la droite et du centre à Science-po Paris et co-auteur du Dictionnaire de la droite (Larousse, 2007), principalement :
· La conception de l'Europe. Nicolas Sarkozy voit plus l'Europe comme un grand marché, une Union très libérale, alors que François Bayrou est plus attiré par une Europe fédérale, et plus sociale.
· La question de l'identité nationale. Avec l'immigration, cette question est au coeur des préoccupations de Nicolas Sarkozy, pas du tout de François Bayrou.
· La conception du rôle de l'Etat. Nicolas Sarkozy, très libéral, accepte un rôle de l'Etat essentiellement dans les domaines de la sécurité, justice, immigration, armée. François Bayrou imagine un rôle de l'Etat plus important
dans l'économie, notamment dans le domaine social.

F.Bayrou partage l’inquiétude de Ségolène " Ce qui me frappe, c'est la ressemblance de ses projets (ceux de sarkozy) avec ceux de José Maria Aznar ou de Berlusconi " (F.Bayrou août 2006) C’est " le constat d’une crise démocratique, sociale, républicaine ". (Ségolène 25 avril 07). Sarkozy, " c’est le verrouillage, c’est la confusion des pouvoirs, c’est d’une certaine manière le danger de l’arbitraire et de l’abus de pouvoir.. " (Arnaud Montebourg 23.04.04 sur LCI)

Ce n’est pas uniquement sur un même constat que sont recensés les points de convergences. Le 25 avril 07 Ségoléne souligne d’ailleurs que François Bayrou la rejoint notamment sur "la question de l’Etat impartial, la rénovation nécessaire des Institutions, le refus de la concentration des pouvoirs". Elle évoque "la valeur centrale dont la France a besoin aujourd'hui, c'est-à-dire aussi la défense des libertés publiques, la nécessité de procéder à un référendum et surtout de refuser la solution d'un mini-traité" européen. Le "mini-traité" est la solution avancée par Nicolas Sarkozy pour remplacer la Constitution européenne rejetée par les Français en 2005. (24.04.07 Ségolène à l’occasion de l’entretien avec Jacques Delors).

Lors du débat cordial qui a permis un échange courtois de points de vue  Ségolène avec F.Bayrou du 28 avril 2007, il a été recensé les points d’accord suivant : Il n'est plus possible qu'un seul parti contrôle toutes les institutions ". Ségolène a évoqué le Conseil supérieur de l'Audiovisuel ou le Conseil de la magistrature." Même analyse chez F.Bayrou: "Ca suffit le pouvoir concentré entre les mêmes mains". Deuxième grand dossier abordé lors du débat: l'Europe. Ségolène et F Bayrou ont rappelé leur accord sur le sujet. Un nouveau Traité sera soumis aux Français par référendum. Sarkoy, lui, souhaite passer par la voie parlementaire (rappelé ci-dessus). S.Royal et F.Bayrou ont dénoncé l'indemnité dégressive dont bénéficieront les députés non réélus en juin. Pour F.Bayrou, cette décision a été "symboliquement très dure" pour les Français. S.Royal a promis de remettre en cause ce système avec l'élaboration "d'un véritable statut de l'élu".Les 2 leaders épinglent sans le citer N.Sarkozy en déplorant la suppression de la police de proximité. "Une faute a été commise" dit F.Bayrou, celle d'avoir "privé de la présence de l'Etat certains quartiers".S.Royal trouve "bonne" l'idée de F.Bayrou d'ouvrir 24h sur 24 les commissariats.(source Dioranews). D’autres points de convergences ont été soulignés " sur "l'Etat impartial" --dénonçant "le verrouillage médiatique" et "les collusions d'intérêts"--, la réforme des institutions et sur des sujets de société: lutte contre la délinquance juvénile, police de proximité.

Nicolas Sarkozy a parlé de "petites combines dans un hôtel parisien".

Ségoléne, lors de ses meetings à Valence et Montpellier, a remercié tous les représentants des partis politiques qui se sont prononcés en sa faveur pour le second tour en les citant nommément. Une Présidente de la République représente l’ensemble des Français et doit être au-dessus des partis, comme l’a dit le général DeGaulle. A ce titre, force est de constater que Ségolène s’affranchit avec talent de tout dogme et sait rester à l’écoute des citoyens. Elle a entendu le message des électeurs et souhaite rassembler, maître mot qui est le fil conducteur de sa démarche pendant cette présidentielle. Elle n’a aucune soif de pouvoir. C’est une femme républicaine et démocrate qui se met à disposition pour œuvrer en faveur de tous les Français sans distinction.

Publié dans presidentielles 2007

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article