Cosmétique politique pour une majorité législative
Sarkozy veut créer un gouvernement au large spectre des couleurs, de l’extrême droite au centre gauche, pas pour faire bouger les lignes comme certains veulent nous le faire croire car la réalité est plus prosaïque.
La principale raison est d’obtenir une majorité parlementaire la plus large possible afin de procéder à de drastiques réformes, y compris constitutionnelles nécessitant la majorité des 2/3 du Parlement. Pour ce faire, après s’être approprié les thèmes de l’extrême droite, il instrumentalise, entre autres, Kouchner, Allègre et Jean-Michel Baylet qu’il ne tardera pas, après les législative ou municipales à se séparer si leur allégeance est insuffisante (les municipales initialement reportées en mars 2008 seront très certainement prévues en septembre ou octobre 2007 si la vague bleu se poursuit - ce qu’une loi a fait une autre peut le défaire).
Kouchner, qui n’est jamais parvenu à se faire élire sous son propre nom, a soutenu, à titre personnel, la réforme Juppé de la Sécurité sociale, a été l’auteur d’un "rapport" qui avait dédouané Total, maintes fois accusée de profiter du travail forcé en Birmanie, s'est prononcé favorablement à une intervention en Irak et a indiqué, en décembre 2006, qu'il se verrait bien dans un gouvernement d'union nationale de sarkozy. L’appel a été entendu ! Allègre voulait dégraisser le mammouth. Les enseignants en retiennent un incommensurable souvenir. Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche (PRG), qui immédiatement après son entretien avec Sarkozy, sans consulter sa base (quel démocrate !), indique qu’il souhaite se rapprocher du parti radical « valoisien » (de droite) de Borloo, en somme revenir à la position antérieure à 1972 (année de scission).
Sarkozy maîtrisera toujours la situation car il pourra demander la démission du gouvernement au Premier ministre pour procéder à un renouvellement et y faire entrer des personnalités plus conformes à la tendance dure de ses objectifs. En fait ses ralliements ne modifient en rien le programme ultra-libéral, communautariste et atlantiste de sarkozy car ce dernier a bien précisé que pour tous membres du gouvernement la feuille de route est son programme présidentiel. Cette remarque peut également être applique au Modem. Les nouveaux adhérents n’ont pas modifié le programme de Bayrou. Sarkozy et Bayrou ont la même conception du pouvoir, basé sur le principe Top-down (je propose, et je vous laisse l’illusion de croire que vous décidez.) alors qu'avec Ségolène, c’est l’inverse. Elle écoute les propositions et décide ensuite. La facilité, avec laquelle sarkozy a pu s’adjoindre des personnes venues de la gauche, s’explique par certaines inimités internes et par l’aspect fourre-tout du projet de Sarkozy dont ces personnes ont pu se reconnaître dans certains éléments. Il n’en demeure pas moins que la politique mise en œuvre sera celle de l’une des droites les plus dures qu’ait connu la France.
Pourrait également être évoqué le caractère métonymique de sarkozy, qui trouve son expression dans sa volonté de s’occuper de tout et faire en sorte que les médias parlent de lui quotidiennement. Ce trait de caractère est préoccupant car il va tout verrouiller comme il l’a fait à l’UMP et si cela ne saurait suffire, il pourra mettre en œuvre l’article 16 de la constitution, sous un prétexte fallacieux, afin de bénéficier de la concentration de tous les pouvoirs.