Couverture médicale : payer plus pour être moins couvert!
Lors de sa campagne présidentielle, Sarkozy a proposé un système de quatre franchises non remboursées par la sécurité sociale sur "les premiers euros annuels" dépensés en examens biologiques, en médicaments, visites médicales et hospitalisation. Un système de franchise qui a déjà été mis en place dans deux cas. Depuis 2004, un forfait de 1 euro non remboursé sur les consultations d'une part et depuis septembre 2006 sur les actes médicaux dans les hôpitaux et cliniques dès lors que ceux-ci sont supérieurs à 91€ le patient a à sa charge 18€
Sarkozy avait annoncé le non-remboursement des 100 premiers euros. Martin Hirsch, Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté au sein du gouvernement Fillon, a désapprouvé, lundi matin 21 mai sur France Inter, l'instauration d'une franchise médicale pour financer la Sécurité sociale ce n'est "pas une bonne mesure […] J'ai dit il y a quinze jours, un mois, deux mois, trois mois que ça ne me paraissait pas une bonne mesure […] vraiment que ce n'est pas ce qu'il faut faire " Pourquoi Martin Hirsch a t-il accepté ce poste ( qu’il qualifie de la sorte: " J'appartiens certes au gouvernement et suis directement rattaché au Premier ministre, mais sans avoir le titre de ministre ou de secrétaire d'Etat. Dans l'histoire de la Vème République, cela ne s'était jamais produit. "), alors que peu de jours plus tard il conteste la mise en application de cette franchise ? Martin Hirsh ne prend t-il pas les vessies pour des lanternes ? Décevant ! Lorsqu’on est en désaccord, on ne va pas à la soupe. L'abbé Pierre doit se retourner de colère dans sa tombe pour ce ralliement à ce gouvernement.
Pour sarkozy c’est plus cohérent mais plus malsain. Il instrumentalise les personnes à des fins électorales, proximité des législatives oblige et ensuite des municipales. Puis Martin Hirsh sera probablement remercié s’il ne se plie pas car Juppé l'a dit dans " Ripostes " émission de Moati, Sarkozy a défini la feuille de route et les ministres devront l'appliquer sans état d'âme.
On instaure une nouvelle taxe ou franchise en jurant les grands dieux qu’elle ne serait pas augmentée mais hélas le forfait hospitalier en est un triste exemple car il ne cesse d'augmenté depuis sa création. Les promesses n’engagent que ceux qui les croient. De même, la contribution du remboursement de la dette sociale (CRDS- qui ne devait être que provisoire) créait par le gouvernement juppé. Autre exemple la loi sur le médecin réfèrent qui était censé être le remède miracle. Ils ne sont plus crédibles ! Ces lois sont toujours votées, n’oublions pas que les médecins constituaient la troisième catégorie socioprofessionnelle la mieux représentée à l’assemblée nationale (sortante). Comme l’a dit Claude Frémont (lefigaro.fr 30 mars 2006) au sujet de la réforme Douste-Blazy on "responsabilise les médecins en augmentant leurs rémunérations, et responsabilise les assurés en diminuant leurs prestations"...
La justification du forfait santé est le souci de responsabiliser les citoyens face aux dépenses de santé. C’est la manière de sarkozy : à partir de cas particuliers il en fait une généralité et oppose toujours les uns aux autres. La manière la plus adéquate ne serait-elle pas d’accroître les contrôles ? Impossible, un poste de fonctionnaire sur deux va être supprimé alors vogue la pollution, la corruption, le travail au noir, plus assez de fonctionnaires pour contrôler efficacement. Mais ? A la sécu ce ne sont pas des fonctionnaires …sauf que l’Etat y joue néanmoins un rôle, ne serait ce que budgétaire. Un malade dont le coût annuel du traitement doit-il être considéré comme un assisté ? Stigmatiser les malades, culpabiliser l'individu alors que le problème est collectif. L’instauration d'une franchise se révélerait être un facteur très important dans le non suivi des traitements pour cause de pauvreté économique. Un renouvellement d’ordonnance apparaîtrait trop onéreux. Les jean-philippe smet ou autres richissimes n’auront pas à souffrir d’un tel système alors qu'il en sera tout autrement pour les petites retraites, les étudiants, les personnes "contraintes" de travailler à temps partiel, les + de 50 ans ou les jeunes qui sont au chômage. Sarkozy veut transposer le modèle américain en France. A ce titre le témoignage de Marc Aurele est édifiant "j’ai pu tester moi-même lorsque j'habitais la bas : post doctorant, donc payé relativement bien, je n'ai cependant pas eu les moyens de m'acheter une couverture sociale complète. .. c'est à dire.. pas de dentiste, pas de médicaments... chirurgie limitée. Le jour ou j'ai du prendre des antibiotiques : 80 dollars la semaine pour 3 semaine de ma poche. Un jour aux urgences ou on me propose un diagnostique radiologique. Non couvert.. Donc pas de radio.. En revanche le jour ou quelqu'un emboutit ma voiture par derrière.. A l'unanimité mes collègues me disent de me ruer chez le médecin et chez un avocat pour tenter un procès contre l'automobiliste.. parce que théoriquement je peux gagner 100000 dollars " Le système américain de santé, qui s’appuie largement sur l’assurance des salariés par leurs employeurs, est à la fois l’un des plus coûteux du monde occidental et l’un de ceux qui protègent le moins. Pour conserver leur emploi, les ouvriers américains se voient souvent contraints de renoncer à la couverture maladie fournie par leur employeur, dans un pays où il n’existe par ailleurs pas de système de santé public et universel (Rick Fantasia Professeur de sociologie au Smith Collège de Northampton, Massachusetts. Auteur (avec Kim Voss) de l’essai Des syndicats domestiqués : répression patronale et résistance syndicale aux Etats-Unis, Raisons d’agir, Paris, 2003). 44 millions de personnes, en 2002, ne disposaient d’aucune forme de couverture. Si l’on y ajoute ceux qui, à un moment au cours des années 2002 et 2003, n’ont pas été couverts, la part de la population ayant peu ou pas accès à l’assurance-maladie s’élevait à 32,2 % (2002-2003, rapport de Families USA, juin 2004.) – voire plus de 40 % si l’on inclut aussi ceux qui n’ont pas une bonne couverture. Soit, dans ce dernier cas, un doublement en une dizaine d’années (The New England Journal of Medecine, Boston, Vol. 340, 14 janvier 1999.). (le monde diplomatique juillet 2004). Certains conseillent de voir le nouveau film de Michael Moore " Sicko " présenté au Festival de Cannes samedi 19 mai, défini par son auteur comme " une comédie sur 45 millions de gens qui n’ont pas de couverture de santé dans le pays le plus riche du monde ". Vigilance est recommandée aux membres du gouvernement Fillon car 53% des électeurs n'ont pas "adhéré" à tout le programme de Sarkozy (mais seulement à certains éléments) ceux-là sont plutôt 31%, le score du 1er tour, et encore. Le forfait santé est un encouragement à l'automédication. La France n’acceptera pas que vous démanteliez un des plus beaux systèmes sociaux du monde démocrate, par un désengagement de l'état pour le donner au secteur privé, conduisant à un enrichissement des nantis et un appauvrissement des faibles, au nom de l’argent roi. L’individualisation de la sécurité collective va créer de fortes inégalités face au risque de pandémies futures qui pourraient germer chez les exclus ou rétifs des systèmes de santé. Nulle personne en serait à l’abri. Effet boomerang garanti ! La solution : la solidarité contre l'individualisme en ayant comme principes (chers à Ségolène) le donnant-donnant et gagnant-gagnant.Ce ne sont pas les malades qui abusent le plus, si tant est que certains abusent. Les psychiatres qui consultent 365 jours par an (pas vacances les pauvres), les chirurgies esthétiques de confort, les pharmaciens qui utilisent de fausses vignettes, les centres de thalasso qui se font rembourser les visites médicales, les kinésithérapeutes fraudeurs, les consultations pré-anesthésiques facturées mais qui n'ont jamais eu lieu etc ... le livre de Claude Frémont (Adieu sécu) est plein d’enseignements de cette nature.