La Dette française va être plombée pour très longtemps
François Fillon s'est engagé à mettre en oeuvre des réformes structurelles pour relancer la croissance française, sans limiter d'emblée les marges de manoeuvre financières d'un gouvernement "libre". " Pour les faire, il ne faut pas hésiter à amorcer les choses", a-t-il dit, laissant entendre que le gouvernement ne jouerait pas l'austérité dans cette première phase du quinquennat (pour cause : les prochaines élections législatives et municipales). " C'est sur cinq ans que nous allons réduire le déficit du budget de l'Etat, c'est sur cinq ans que nous allons réduire la dette. Il faut savoir parfois investir un peu pour ensuite faire des économies importantes " précise François Fillon. (boursier.com par Sophie Louet). En somme, Fillon veut engager des réformes sans regarder à la dépense. Fillon veut laisser filer la dette
A première vue, Fillon aurait raison sauf qu’il oublie que le poids de la dette dans le PIB peut augmenter de trois façons : baisse des recettes, augmentation des dépenses et effet " boule de neige " des versements d’intérêt sur la dette acquise. (Michel Husson Dette publique, rente privée avril 2006). Fillon s’approprie les idées simplistes de raffarin: " Moi, j’ai des idées simples (…) c’est de la bonne gestion de père de famille, c’est cela qu’il faut faire. Moi je suis tout à fait favorable à ce que nous puissions, très rapidement, réduire les déficits " (Raffarin sur France 2, 23 mai 2002) repris par sarkozy lors de la discussion du budget 2005 qui consiste suivant les mêmes arguments, à lier le déficit uniquement aux dépenses : " on ne peut durablement dépenser plus qu’on ne gagne, et par conséquent il faut dépenser moins et ajuster les dépenses aux recettes. Sinon, on accumule une dette qui viendra peser sur les générations futures. Cet argumentaire semble si bien ficelé qu’il ne reste plus au fond qu’à décider dans quel budget il faut couper ! (Michel Husson Dette publique, rente privée avril 2006) Discours apparemment de bon sens qui ne survit pas à la réalité. Le Budget de l’Etat est fort différent de celui des ménages. car je le répète le poids de la dette dans le PIB peut augmenter de trois façons : baisse des recettes, augmentation des dépenses et effet "boule de neige " des versements d’intérêt sur la dette acquise. Les intentions (purement électoralistes) de Fillon cumuleront les effets néfastes et contribueront à une hausse exponentielle de la dette qui obérera toute marge de manœuvre dans le future et justifieront un plan d’austérité drastique incontournable.
La montée de la dette de l’Etat est principalement liée à une baisse de ses recettes et Sarkozy a promis de baisser les prélèvements obligatoires de 4 points. La baisses des prélèvements obligatoires n’aura qu’un impact limité sur la consommation car elle sera, comme à l’accoutumée faiblement répercuté sur le prix final des produits ou services. En fait chaque intermédiaire se garde cette manne et le consommateur n’en retire aucun profit. Donc quasiment pas de croissance par la consommation, on annihile les vertus keynésiennes attendues. De plus, Fillon veut dans un premier temps (proximité législatives obligent) augmenter les dépenses ce qui inéluctablement va accroître l’effet de ciseaux et augmenter le déficit donc les intérêts de la dette. L’effet boule de neige de la dette ne sera plus maîtrisable. After, Fillon and Sarkozy, No future !
Fillon compte sur un taux de croissance de l’économie supérieur au taux d’intérêt réel (une fois décomptée l’inflation) pour éviter l’effet de boule de neige mais la croissance ne sera pas relancée car la baisse des prélèvements obligatoires n’aura qu’un très faible impact sur la croissance, comme démontré ci-dessus alors que les intérêts de la dette vont accélérer leur croissance. C’est un pari sur l’avenir voué à l’échec. Comme, l’étaient par ailleurs les préconisations de Bayrou, pour des causes inverses, mais auraient eu les mêmes effets par la baisse de la consommation. Ségolène était dans la mesure, par le redéploiement de la richesse et le remboursement de la dette dès lors que la croissance est supérieure à 2,5 par l’utilisation intégrale desdites recettes audit remboursement. Ainsi elle ne freinait pas la croissance et permettait d’éviter des lendemains de souffrance. En ce qui concerne le bilan de la gauche et de la droite je rappelle que le poids de la dette a baissé de 4 points entre 1997 et 2001, en revanche lorsque la droite à été au pouvoir il a fortement augmenté (de 7 points) pour atteindre 66% de 2002 à 2005)
La montée de la dette de l’Etat avec sarkozy et Fillon découlera également du choix consistant à faire payer de moins en moins d’impôts à une couche sociale aisée auprès de laquelle ensuite l’Etat s’endettera à des taux d’intérêt prohibitifs (et non révisables). Moins d’impôts accentue la dette et les intérêts de la dette ne seront pas payés demain par nos enfants, mais le sont par les contribuables contemporains. (Michel Husson Dette publique, rente privée avril 2006) Il faut donc faire appel à l’emprunt et seuls les gens aisés pourront souscrire aux émissions d’emprunts de l’Etat. Le supplément de revenu disponible, que ces baisses procurent aux plus hauts revenus, est pour l’essentiel épargné (très faiblement pour la consommation). La boucle est bouclée, cette catégorie sociale gagne sur les deux tableaux ! En réalité, la politique économique de sarkozy ne consiste pas en un transfert entre générations, mais entre couches sociales et avec Fillon, la croissance de la dette publique tendra donc à auto-entretenir un cercle vicieux