Malades ( et non Assurés), vaches à lait
8,7 milliards d’euros de déficit dans les comptes de l’assurance maladie ! Les médias axent principalement leurs news sur les remèdes et de manière nettement insuffisante sur les causes. Ils ne disent mot sur l’inadaptation des mesures préconisées par le gouvernement, sarkozy en tête.
Le déficit de recettes est lié notamment à la persistance d'un taux de chômage élevé, ou d'un salariat mal rémunéré. La situation financière de l’assurance maladie dépend étroitement de la politique économique définit au niveau national et de la conjoncture internationale. En complément de ceci et de cela , attachons nous, dans un premier temps, aux explications de cette préoccupante situation qui ont été répertoriées et énoncées dans le rapport annuel de la Cour des comptes de la sécurité sociale qui a été présenté le mercredi 12 septembre 2007 par son président Philippe Séguin, lui-même membre de l’UMP depuis son origine http://www.ccomptes.fr/CC/documents/RELFSS/07-securite-sociale.pdf
Dans ce rapport, il est écrit qu’au " 31 décembre 2006, les dettes comptabilisées […] dans le bilan de l’Etat s’élevaient à 9,13 Md€ en incluant les charges à payer constatées en fin d’exercice, soit une progression au cours de l’exercice 2006 de près d’un milliard d’euros [Ces données s’entendent déduction faite des créances que l’Etat a sur la sécurité sociale] ". En d’autres termes ceci signifie que si l’Etat honorait ces dettes alors le " trou " de la sécurité sociale serait comblé ! (9,13 Md€ - 8,7 Md€, = 0,43 Md€ d’excédent). " Les dettes de l’Etat à l’égard de la sécurité sociale se sont accrues et génèrent des frais financiers croissants pour celle-ci. ". Le trou de la Sécu, imputable avant tout aux impayés de l'Etat, et à la gestion totalement opaque de cet organisme.
Ceci étant d’autres raisons de ce déficit ont été recensées par la Cour des comptes, par exemple : Le régime agricole, largement subventionné par les autres régimes, cette solidarité nationale ne saurait éventuellement se justifier que si préalablement il est exigé " de réduire les pertes de cotisations consécutives à une évasion sociale importante et de renforcer les contrôles "
Les engagements de modération non tenus par les médecins alors même que leurs honoraires ont été considérablement augmentés sont en partie responsables. Philippe Seguin donne l’exemple de "chirurgiens qui pratiquent des dépassements pouvant atteindre 3 à 4 fois le tarif opposable […] Cela met en cause le principe d’égal accès aux soins […] on est loin du tact et de la mesure préconisée par le code de déontologie". Il en déduit qu’il est temps de pratiquer "des incitations négatives" à l’encontre de certains médecins. Par ailleurs, il est à étonnant que les médecins ne soient soumis à aucune obligation de formation continue alors même que de nouveaux virus émergent SRAS, Chikungunya, etc… et que de nouvelles thérapies ou de nouveaux médicaments apparaissent. Bien sûr, les groupes pharmaceutiques dispensent de telles formations dans des conditions feutrées, dorées et propices à faire valoir leur propre produit. Il serait préférable que cette formation continue soit obligatoire et même validée par un examen à l’issue de chacune des séances et qu’elles soient dispensées par un organisme indépendant. Pourquoi pas dans les universités. La récente étude de l’UFC-Que choisir rendu public est éloquente sur l’attitude des laboratoires pour imposer de nouveaux médicaments. Ceci explique, entre autres, pourquoi les bénéfices des laboratoires pharmaceutiques sont croissants. Pour autant il faut prendre en considération que les besoins en investissement notamment dans la recherche sont importants et que les risques liés au potentiel de commercialisation sont considérables, comparativement à une autre entreprise. Parallèlement, force est de constater que les laboratoires pharmaceutiques, ainsi que certains professionnels de la santé, tirent tous les avantages possibles et mettent ainsi en péril notre système de sécurité sociale. Pourquoi ne pas faire comme certains pays (les Pays Bas) donner le nombre exact de médicaments (comprimés, pilules, gélules,..) correspondant au nombre de jours du traitement car souvent les boites de médicaments ne sont pas intégralement utilisés
Bien sûr, les patients doivent être responsabilisés car, aujourd’hui, les médicaments sont assimilés à des produits de consommation courante. C’est un des arguments qui justifient l’instauration de franchise médicale. Mais ceci ne constitue aucunement une urgence car d’autres mesures plus importantes peuvent être prises (comme celles précédemment développées). Cessez de stigmatiser les assurés mêmes s’ils ont leur part de responsabilités car il est aisé de constater que ce ne sont pas eux qui sont principalement à la source de ce déficit. L’effort doit être juste et équitable. Rien n’est prévu, semble-t-il à ce jour, au niveau de l’Etat ou à l’encontre des praticiens ou des sociétés pharmaceutiques pour parvenir un équilibre des comptes. Débutons par eux et si à l’avenir ceci apparaît insuffisant et qu’il faille élargir l’assiette des cotisations, alors commençons par supprimer les exonérations de cotisations sur les indemnités de départ à la retraite ou de licenciement "ce qui correspond à une perte de plus de 4 milliards d'euros" ou "la suppression ou le plafonnement de l'exonération des cotisations sociales appliquées à la plus-value d'acquisition des stock-options", comme le préconise Philippe Séguin
Autre chose encore. Qu’apprenons nous dans le rapport publié le vendredi 28 septembre 2007 par le ministère de la santé ? … Que le "bouclier sanitaire", visant à plafonner les dépenses de santé non remboursées pour les plus démunis, ne pourra pas être mis en place avant 2010. Soit deux ans après l'instauration des franchises médicales. La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a fait savoir vendredi qu'elle avait encore "besoin d'affiner (sa) réflexion" concernant la mise en place de cette mesure. Le "bouclier sanitaire" est donc repoussé au calandre grecque. Les plus démunis ne pourraient être soignés alors que les criminels y ont droit ! Un virus ou une bactérie résistante ne distingue pas ses victimes. Le mauvais état sanitaire d'un petit groupe peut provoquer la propagation d'une maladie à l'ensemble de la population. En soignant les personnes en situation de précarité nous nous protégeons nous-mêmes. La tuberculose et le typhus feraient des retours en force.
L'instrumentalisation du trou de la sécu permet l'adoption de mesures visant à casser toute solidarité. Nous avons le système de santé le meilleur au monde (notamment pour mes amis anglais) et le gouvernement fait tout pour l’offrir aux assurances privées. "Il faut arrêter de se raconter des histoires sur le financement de la protection sociale!" déclarait Jean Arthuis, président (UDF) de la commission des finances du Sénat, en 1997. Celui-ci avait alors appelé à introduire plus d’assurance privée dans la protection sociale, à inventer des produits "financiers innovants"… Mais Monsieur Arthuis … C’est à vous d’arrêter de nous raconter des histoires ! ! !
Le président de la République avait annoncé que le " handicap " serait désormais traité à l’avenir comme un cinquième " risque social " pris en charge par la solidarité nationale au même titre que la maladie, la vieillesse, la famille ou les accidents du travail et les maladies professionnelles. On en parle plus ? ? ?
(j'ai modifié l'intitulé grace à la remarque pertinente de la fleur )