Les dettes sont publiques et les profits privés
En juin 2006, l’action EADS avait spectaculairement chuté en Bourse (moins 26 %) après l’annonce d’importants retards de livraison pour le nouveau gros-porteur A380 mais 1 200 personnes, au courant des déboires à venir d’Airbus, se seraient rendus coupables d'"un délit d'initié massif", en vendant quelques mois avant 10 millions d’actions. Le préjudice est évalué à 90 millions d’euros ! Pourquoi se limiter à 90 000 millions d’euros, alors que, en page 24 du rapport de résultat semestriel 2007 du groupe lagardère, il est indiqué une plus value des cessions de titres EADS de 472 Millions d'euros ? (vous pouvez vérifier sur le site lagardère) s'agit-il seulement de la plus value engrangée par les dirigeants à titre personnel ? L’affaire est si gigantesque que l’AMF a choisi de circonscrire son enquête. Elle se concentrera sur les principaux actionnaires et les cadres. Au total, vingt et une personnes, notamment Arnaud Lagardère, Manfred Bischoff (patron de Daimler) Noël Forgeard et Thomas Enders, ainsi que le directeur général d’Airbus Gustav Humbert. Ils se sont enrichis alors même que leur gestion était désastreuse ! Gagner beaucoup plus, sans travailler plus ! ! !
A l’issue d’une réunion en décembre 2005 entre dirigeants d’EADS et l’APE une note aurait été envoyée à Thierry Breton, alors ministre des Finances, lui signalant "qu’il était opportun pour l’Etat de profiter de la valorisation du titre de l’époque qui n’intégrait que les nouvelles positives de l’exercice écoulé et de proposer au ministre une cession partielle de la participation de l’Etat". L'Etat pourrait bien être soupçonné d'avoir lui-même non pas commis un délit d'initié, mais laissé faire le délit d’initié. Si ces faits sont confirmés, ils sont "extrêmement graves", a déclaré mercredi le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet. Thierry Breton affirme qu’il ne savait rien alors même que ces amis et 1200 autres personnes étaient au courant ? ! Qui est-ce ?, si ce n'est Thierry Breton, alors Ministre des Finances, qui a ordonné à la Caisse des Dépôts de racheter les actions de Lagardère dans EADS ? (Arnaud Montebourg à l'Assemblée).
Jean-Pierre Raffarin a lui aussi soutenu la position de Thierry Breton. "Je pense que l'Etat est irréprochable dans la mesure où il y avait un pacte d'actionnaires et que l'Etat ne devait pas se mêler des décisions de gestion. Cela a été respecté d'un bout à l'autre." (20minutes.fr). Enfin, pour disculper d'avantage le gouvernement de l'époque auquel elle appartenait, Christine LAGARDE ajoute que l'Etat ne possèdant pas de membre au Conseil d'Administration d'EADS ne pouvait être au courant. La part de l’Etat actionnaire est loin d’être négligeable et pourtant l’Etat n’est pas représenté au sein du Conseil d’administration ? Incroyable !
L'Etat aurait même racheté, par l'intermédiaire de la caisse de dépôts et de consignations (CDC) au prix fort les actions de Lagardère, en sachant que celles-ci allait dégringoler en raison des retards de livraison des Airbus. Pour permettre un enrichissement à Lagardère, la CDC se retrouve avec des actions bien dévaluées. En bourse, l'argent ne part en fumée : il change de poche. On a puisé dans les deniers publics pour que Lagardére puisse faire de substantielles plus values alors même que l’on savait que les titres allaient baisser. A présent, aux contribuables de remédier à ce désastreux gâchis ! La question du rôle de l'État actionnaire ou des privatisations se pose, désormais, avec acuité
La paternité de cette situation ne revient elle pas également en partie à DSK et Jospin qui ont privatisé EADS ? DSK avait proclamé " le caractère équilibré de l'actionnariat stable et de long terme ". En fait de stabilité, Lagardère et Daimler-Chrysler réduisent leur participation, et la Grande-Bretagne se retire du capital, si bien que " l'actionnariat n'a été ni stable ni de long terme ".
Les petits porteurs qui n’étaient pas informés des retards de fabrication de l’Airbus n’ont pu vendre à temps leurs actions et se sont retrouvés, de ce fait, spoliés. L’égalité des actionnaires devant l'information est un pilier de la bourse, sinon la crédibilité des marchés financiers est menacée et par conséquent, à terme, l'ensemble du système capitaliste. Aux Etats-Unis, ils l’ont très bien compris et commencent à prendre des mesures en ce sens. En effet, comment accorder la moindre confiance à la bourse, si l'information n'est pas repartie équitablement, et que certains profitent d'un accès privilégié a l'information
La conséquence la plus spectaculaire des turbulences est le plan de réorganisation "Power 8", annoncé en février et mis en oeuvre depuis avec, à la clef, 10.000 suppressions d'emplois en quatre ans en Europe, dont la moitié chez les sous-traitants, en vue d'une réduction drastique des coûts. (lemonde.fr). Les salariés pâtissent aussi de cette situation. En Allemagne, le syndicat IG Metall exige la vérité. "Les collègues qui sont touchés depuis plus d'un an et demi par la crise chez Airbus sont en droit d'attendre que l'affaire soit éclaircie rapidement", a déclaré à l'AFP Daniel Friedrich, porte-parole de la fédération IG Metall du Nord de l'Allemagne.
Ségolène Royal est étonnée "que Nicolas Sarkozy, qui est d'habitude très rapide pour intervenir sur les faits divers, ne se soit pas encore manifesté sur cette question qui choque profondément les Français". Sarkozy ne veut pas faire écho de malversation de ses amis et joue peut être sur le temps car dans les faits, cette action délictueuse est rarement condamnée car elle est difficile à prouver. Difficulté, pour l'AMF et le juge, est de prouver que les achats ou les ventes de titres ont été faits sur la base d'informations privilégiées. Les initiés peuvent faire valoir leur propre intuition. Cette complexité explique le petit nombre de condamnations en France. "L'infraction est d'autant plus difficile à démontrer que la société est grosse", explique Anne Maréchal, avocate chez DLA Piper, ancienne responsable des services de surveillance des marchés à la Cob [ex-AMF] (lemonde.fr 04.10.07)
Sarkozy prépare, avec Rachida Dati, subrepticement la dépénalisation du droit des affaires comme annoncée dans son discours devant le MEDEF. Les copains et les coquins sont au pouvoir. Le caractère anachronique du chef de l'Etat de dépénaliser le droit des affaires n ‘est qu’apparent. Le principe de l'application rétroactive de la loi pénale la plus favorable lui permet de prendre son temps car ce n’est pas demain que son ami ou " frère " Lagardère passera devant la justice. En pareilles circonstances on s‘attache à ce que la justice se hâte doucement, ce qui n’est pas le cas des petits délinquants. En France, il vaut mieux empocher, illégalement, 90 millions d’euros en transgressant les règles que piquer un morceau de viande pour sa faim sur un étalage d’un supermarché. Le pire c'est qu'ils ne seront pas punis comme ils le méritent, juste quelques amendes ne représentant qu'une infime partie du vol ou une peine de prison avec sursis. En France on étouffe les affaires, alors qu’aux USA les délits d'initiés sont poursuivis avec force et sévèrement punis. Tous ceux qui en ont bénéficié ou ont permis à certains d'en bénéficier sont pénalisés et pas de passe droit. Demander à Martha Stewart, qui a fraudé sur des transactions financières. Ceci a valu la prison pour quelques mois. En France, à la place, on va faire une loi sur mesure pour exonérer les copains, comme d'habitude car la loi ne dispose que pour l'avenir, à l'exception de la loi pénale. En matière pénale, une loi postérieure est appliquée si c’est plus favorable au délinquant. " ... A moins que Sarkozy lâche Lagardère ? Entre parenthèses des bruits courent que sarkozy envisage de réduire les délais de prescription pour favoriser Chirac... ainsi, les poursuites à l'encontre de l'ancien Président de la République n'auraient plus lieu d'être.
Tous ces milieux politico-financiers se tiennent les coudes et se renvoient l'ascenseur ; c'est la mafia en col blanc et, ce qui apparaît aujourd'hui ne doit être que la partie visible de l'iceberg ; ces milieux doivent être tellement habitués à régner en maître. La caste des intouchables. Ils nous écrasent de leur mépris. Ce ne sont pas des militaires comme en Birmanie, ils sont en civil, costard/cravate et sont capables d'un revers de la main de ruiner des centaines de milliers de petits actionnaires et de faire licencier des milliers de travailleurs.
" Avec arrogance, ils nous rabattent les oreilles en nous regardant droit dans les yeux pour nous dire qu'il nous faut se serrer la ceinture parce que la France va mal, et pendant ce temps se servent largement, honteusement, volent pillent, se fabriquent tous des retraites richissimes en nous disant qu'il serait bon qu'on crève au boulot pour le bien de la nation. " C’est un raccourci mais ô combien révélateur.
C’est la mutualisation des risques pour une privatisation des profits. Travailler plus : pourquoi faire ? Il semble aisé de gagner beaucoup d'argent sans trop se fatiguer ! Encore une violence, parmi tant d’autres, distillée chaque jour contre le peuple.
Mais ne pensez surtout pas 'tout le monde se sert, je serais con de ne pas le faire' car ceci signifierait que vous cautionnez ce système.