La France inéquitable

Publié le par jps

Même si un jour la France renoue avec la croissance il n’est pas certain que les Français en profitent car une politique d’austérité s’imposera à nous afin de rembourser le montant de la dette, d’une part, et que le système de redistribution ne corrige pas toujours les inégalités, d’autre part.

Sur le premier point, il y a une apparente discordance entre le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, qui dénonce l’inefficacité des "politiques d’austérité" et François Fillon qui rappelle qu’il n’est pas question de creuser plus encore le déficit d’un Etat "en faillite". "Il faut réduire l’endettement national pour redonner de l’oxygène à notre économie (devant l’Association des Maires de France). Cette discordance n’est peut être qu’apparente car ces gens sont coutumiers de fourberies, notamment pour fourvoyer les Français. Je rappelle que la dette ne porte pas sur toutes les générations avenir mais seulement sur la partie de la population qui ne possède pas de titre de dette. Les riches vont profiter de la dette pour tirer un revenu sur le reste de la population. Quelle erreur de vouloir relancer la consommation en favorisant en priorité les nantis qui ne pensent qu'à thésauriser ou à placer leur argent dans des paradis fiscaux, alors que dans le même temps les produits de première nécessité et les carburants augmentent. La France est très mal gérée, la preuve : Alors que la balance des comptes courants de la zone euro a enregistré un excédent de 4,4 milliards d'euros en septembre 2007, selon les informations publiées par la Banque centrale européenne (BCE). La balance des comptes courants de la France, pendant ce même temps, a été déficitaire de 2,3 milliards d’euros. Et la dette monte…monte…. Monte…

Sur le second point, entre 1996 et 2006, "la baisse globale du poids des prélèvements, en particulier de l’impôt sur le revenu, a profité davantage aux plus aisés", alors que les prestations, qui bénéficient aux ménages les plus modestes, "en revanche ont peu évolué. Personne n’est à l’abri de la machine à exclure. Aujourd’hui , selon un sondage, 47 % des français ne pensent pas être à l’abri de devenir un jour SDF. Martin Hirsch se donne une obligation de résultat dans la lutte contre la pauvreté alors qu’il aurait été de meilleure gestion de commencer par là et non par le bouclier fiscal (y compris pour les sportifs de très haut niveau ) qui ampute les recettes de plus de 15 milliards d’Euros par an pour faire des cadeaux aux plus riches. Martin Hirsch après avoir critiqué l’instauration des franchises médicales, soutient désormais ce dispositif - qu’un bien portant ne paiera pas, par définition – Mettre fin à l’exonération de la redevance T.V., dès 2008, principalement pour les personnes âgées modestes. Tout ceci est-ce bien "équitable" ?

 

L’équité passe par l'éthique politique. Le peuple de France qui, une nuit du 4 août 1789, a aboli les privilèges acquis par l’hérédité. Sarkozy les a restaurés par la suppression des droits de succession.

Après que la majorité parlementaire de droite ait adopté dans le collectif budgétaire 2002, une augmentation considérable de la rémunération mensuelle des membres du gouvernement dont le Premier ministre. Au nom de l’équité, il est passé à la deuxième phase (les auteurs mêmes de cette ’grande avancée sociale’ n’ont pas hésité à faire référence à l’équité) le salaire du président de la République a été triplé. Bien joué de la part de la majorité de droite, les Français n’ont rien remarqué ! excepté quelques uns. N. Sarkozy a dit qu'il serait le "président du pouvoir d'achat", mais c'est du sien qu'il parlait! Il s’est accordé 206% d’augmentation pour son "argent de poche " (selon le "spécialiste des finances de l’Elysée ", le député René Dosière). Un procédé tout aussi malicieux a été mis en place pour l‘Impôt Sur la Fortune : d’années en années des mesures sont votées pour en diminuer sont importance, pour enfin prendre comme prétexte à des fins d’annulation , son faible impact sur les recettes budgétaires.

S’interroger sur la pertinence de maintenir certains régimes spéciaux est de bonne gestion au regard du principe d’équité, mais force est de constater le mutisme le plus complet en ce qui concerne les retraites des cadres militaires , et qu’est-il envisagé pour les régimes très spéciaux des retraites du président, des ministres, des édiles locaux ? N’est pas cela, entre autres, l'injustice la plus criante ? Panafieu répugne à évoquer le régime spécial des députés . Néanmoins on voit poindre une toute petite avancée. Pas dans le domaine des retraites des représentants nationaux, mais en ce qui concerne l’usage de la réserve parlementaire et ceci grâce au député socialiste de l'Isère Didier Migaud, président de la commission des finances. Désormais, la réserve parlementaire doit faire l'objet d'une demande écrite pour chaque projet aidé. Celle-ci (environ 90 millions d'euros par an aux députés  et environ 55 millions aux sénateurs) est souvent distribuée de façon dispendieuse à des fins électorales.

Au nom de l’équité, la droite stigmatise les différences, qu'elles soient génétiques, sociales, ethniques ou religieuses. Quel étonnement ! Eric Woerth, ministre du Budget et de la Fonction publique, après les avoir voués aux gémonies, a reconnu le 20 novembre 2007 sur France Inter que les fonctionnaires ne gagnaient "pas très bien leur vie". Mais il n’a rien proposé pour autant…Il n'est plus à une contradiction. (cf pour les salariés du privé, travailler plus longtemps alors que les entreprises se débarrassent des vieux salariés)

A présent la droite parlementaire s’attaque aux petits porteurs ….. et favorise, encore, les gros détenteurs d’action. A compter de 2008, il sera possible de soumettre les sommes perçues au prélèvement libératoire quelle que soit la nature des sommes touchées. Il a été décidé de porter le taux du prélèvement de 16 % à 18 %. Mais cette mesure vise en fait à satisfaire nos gros porteurs car avant la réforme les dividendes perçus au titre des actions détenues dans une entreprise étaient mentionnés sur la déclaration de revenus et imposés à un taux réel de 24 % (taux marginal sans déductibilité CSG) pour les hauts revenus. Ils justifient ceci par un souci d'harmonisation…. (Pourquoi ne pas harmoniser les salaires de certains avec celui de Fillon, qui semble ne pas beaucoup œuvrer pour la France). Ultime cerise sur le gâteau, l'amendement demandé par les sénateurs à propos de la taxation (fixée à 2,5% par les députés) sur les stock options.......en proposant de ne l'appliquer qu'aux options attribuées à partir du 16.10.2007....qui veut-on encore favoriser ?

 

L’Irlande est parfois présentée comme la preuve du bien fondé des recettes libérales, mais dans cette société s’offrir une Assurance santé se paie aux prix forts. Par ailleurs, c’est un vice de consentement de prétendre que la majorité des français ont voté sarkozy pour l’application de l’ensemble de son programme.

 

La révolte se nourrit de cette société construite sur l’individualisme, de cette apologie de l’égoïsme, de cette inéquité. Dans une contestation, au début, c’est toujours une minorité qui est agissante ; puis par capillarité devient un mouvement de masse. " L’équitable, bien qu'il soit juste, n'est pas le juste conforme à la loi " (ARISTOTE Ethique à Nicomaque, Livre V, chapitre 14, 1137a 31-1138a 3). Sarkozy devrait s’inspirer de Pr Günther Blobel, prix Nobel et chercheur dans la prestigieuse université Rockefeller. " Les cellules s’unissent les unes aux autres en donnant réciproquement au corps tout entier. Chaque cellule du corps reçoit ce dont elle a besoin pour vivre et tout le reste de ses forces elle les met au service du corps. " En fait, à chaque niveau de la nature une particule agit en faveur de la généralité à laquelle elle appartient, et ainsi elle trouve sa plénitude. La délicate harmonie mutuelle est ce qui permet la vie et c’est sur elle que se fondent tous les systèmes de la nature. Les systèmes artificiels que la société humaine s’est construite sont en totale opposition avec l’harmonie présente dans la nature. La base du comportement humain initiant ces systèmes se trouve l’égoïsme, qui préfère toujours l’étroit intérêt personnel à l’avantage général, et qui entretient la course après la richesse, les honneurs et le pouvoir et également (voire principalement) au détriment des autres. (Arthur Carnet docteur en philosophie )

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