Dure réalité

Publié le par jps

Les consultations médicales, entre 2002 et 2007, chez le médecin généraliste sont passées de 15 euros à 23 euros. Cela représente une augmentation de salaire brut de 53 %. Entre 1990 et 2004, le revenu des médecins spécialistes a progressé trois fois plus vite que celui des salariés, ( Haut conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie – Hcaam). L’augmentation est encore plus forte pour les médecins hospitaliers. Force est de constater que les efforts sont portés, presque exclusivement, sur les assurés. Comme l’a rappelé le directeur de la CPAM de Nantes lorsqu’il a démissionné, il y a quelques mois. Ce n’est pas une carence de médecins qui a justifié une telle augmentation de revenu car en réalité, il n'y a jamais eu autant de médecins qu'aujourd'hui : 3,4 médecins par millier d'habitants en France en 2005. Si leur nombre va lentement baisser, en 2035, dans le scénario le plus vraisemblable, il y en aura encore 3,1. Or aujourd'hui, il y en a 2 au Japon [le pays où l'on vit le plus vieux au monde] (Jean de Kervasdoué est ancien directeur des hôpitaux, professeur au CNAM - LeMonde). Par contre, il y a bien une carence d’infirmière.

Par ailleurs, l’UFC-Que choisir (une précédente étude diffusée au mois de septembre. ) estime que le Plavix (clopidogrel) fait l'objet d'une surprescription en France (+88% de 2002 à 2006), qui engendre "un gâchis important". Ainsi, "sur la période 2002-2006, c'est 350 millions d'euros de dépenses qui ne peuvent pas être justifiées. Soit 70 millions d'euros par an", alors que si, à la place, l'aspirine Protect, 27 fois moins chère, avait été prescrite cette année-là, 89 millions d'euros auraient été économisés. Un avis de la commission de la transparence qui, dès 2002, affirmait que "le clopidogrel (principe actif du Plavix) n'est prescrit dans le strict respect des indications que dans un cas sur deux environ". L'irrationalité des prescriptions des médecins est due aux démarchages des visiteurs médicaux pratiques dénoncées dans les revues "que prescrire" ou "que choisir". " La prescription des médecins est trop largement influencée par l'industrie pharmaceutique [qui] oriente la prescription des médecins ". Une hypothèse déjà avancée par la Cour des Comptes en septembre 2007, reconfirmée, le même mois, par un rapport à charge de l'IGAS qui a, pour sa part, donné lieu à un débat entre le président du Leem, Christian Lajoux et Pierre-Louis Bras en décembre à Sciences Po. Trop de médecins sont donc"sous influence" des visiteurs médicaux qui acceptent parfois des cadeaux des laboratoires sous prétextes de pseudo études scientifiques, congrès ou formation. C’est limite qualification de recel d’abus de biens sociaux. Heureusement que tous ne sont pas ainsi, mais c’est encore trop, trop c’est trop ! In finè ce sont les assurés, après à présent, les malades (par la franchise médicale) qui alimentent la caisse.

Sarkozy, une fois de plus ment en affirmant que "les franchises sont assurables par les organismes complémentaires dans le cadre des contrats responsables, ce qui offre un niveau de protection supplémentaire". La loi 2008 de finances de la Sécurité sociale exclut le remboursement des franchises dans le cadre des "contrats responsables", qui représentent la quasi-totalité de l'offre des mutuelles et des complémentaires santé. Selon la Mutualité française, si elles devaient être prises en charge par les complémentaires santé, les franchises impliqueraient une hausse de 15 % à 20 % des contrats.

Lors du débat parlementaire à l’automne, Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de la jeunesse et des sports, a défendu le bien-fondé de ce nouvel impôt. "Quand même, dépenser 4 euros par mois de plus pour sa santé, c’est un effort qui me paraît bien acceptable", avait-elle lâché. Bien sûr, d'autant que sont notamment exemptés les bénéficiaires de la CMU ou de l'aide médicale d'état mais pour celui qui gagne ne serait-ce qu’un euro de plus que le plafond du CMU, comment fait-il ? Il n’a pas droit au CMU car il dépasse le plafond de 606€ et, en plus, il est soumis à la franchise de 50€/an. Sachant que le montant de cette franchise pourra aisément augmenter (cela a déjà été fait avec le forfait hospitalier) car un simple décret suffit à le modifier. Bien sur, que cela n’est que quantité négligeable au regard de la paye d’un ministre ou d’un président qui vient de tripler son indemnité.

Plus qu’un geste de révolte, c'est un geste de désespoir qui conduit Bruno-Pascal Chevalier, 45 ans, travailleur social et malade du sida, (Remaides, n° 66, décembre 2007, édité par l’association Aides) un insuffisant rénal et un patient traité à l'insuline (selon l'Association française des diabétiques) à entamer "une grève des soins" pour protester contre l'instauration des franchises médicales et l'augmentation des déremboursements de médicaments.

Pourtant des solutions existent. Tout d’abord, celle suggérée par " UFC-Que Choisir " qui s’appuie sur deux rapports : créer un corps de visiteurs médicaux " publics " rémunérés par une (autre) taxe sur les laboratoires pharmaceutiques, mais avec l’objectif de parvenir à la baisse d’un fonctionnaire sur deux, cette alternative paraît très hypothétique.

Agir au niveau des sociétés pharmaceutiques. Cette solution ne paraît pas envisageable car, Sarkozy a son frère cadet qui est, depuis 2005, vice-président au conseil de surveillance de BioAlliance Pharma (Société développant des médicaments ciblant des marchés thérapeutiques en évolution :cancers, VIH, maladies infectieuses et maladies opportunistes)

Alors, a minima, pourquoi ne pas faire comme certains pays notamment le Canada, à savoir vendre les médicaments à l’unité afin d’éviter le gaspillage. S’il est prescrit un médicament pendant deux semaines, il vous sera accordé 14 médicaments. Plus de gâchis, tout est consommé, ni d’emballage aussi coûteux qu’inutiles parfois. Ne se heurte-t-on pas encore aux industries pharmaceutiques dans ce cas et par la même au petit frère de sarkozy ?

En toute chose malheur est bon (consolation ) a chaque fois qu’un patient sera traité cela lui rappellera cette disposition inique de sarkozy, comme une piqûre de rappel jusqu’à la prochaine présidentielle

Publié dans sarkosy et le social

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B
J'avais lu votre article (je me suis abonnée à votre site par flux rss) et l'ai gardé de côté pour y mettre un lien sur un article ultérieur plus gobal sur la gestion des politiques de santé publique en France ... il y a beaucoup à dire sur ce sujet comme malheureusement sur bon nombres d'autres, au point qu'on ne sait plus où donner de la tête !Bonne continuation, amicalement
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