Complexe d’infériorité ?

Publié le par jps

Que Rachida Dati ait bénéficié de la validation des acquis professionnels (VAP) pour la validation de ses diplômes me paraît tout à fait normal. Par contre, que Rachida Dati mentionne l'obtention d'un "MBA européen du groupe HEC-ISA (1) pour le concours d'entrée à l'Ecole nationale de la magistrature dans la procédure d'intégration sur titres, alors même qu’elle ne l’a pas obtenu, relève de mensonge éhonté ou, pour le moins, de la manipulation dans la présentation. Ne sont ce pas les soutiens de Simone Veil et de Marceau Long qui ont conduit à ses quelques négligences de l’administration relatives aux nécessaires vérifications, surtout pour rentrer dans une si prestigieuse école ? Rachida Dati maintien sa position et évoque un "différend" avec HEC " Elle a beaucoup de différent …. Avec HEC, , avec les membres de son cabinet, avec les magistrats ….etc….

Cette " fausse " mention n’est pas anodine, car elle a facilité son entrée en 1996 à l’Ecole nationale de la magistrature, qu’elle a intégrée par la voie parallèle ouverte aux personnes ayant déjà connu une expérience professionnelle. Auparavant, elle avait eu sa maîtrise de droit par le biais de validation d'acquis professionnels. Mais alors a-t-elle déjà obtenu un diplôme de droit du supérieur de manière "classique" ? Avec sa maîtrise de droit, Rachida Dati ne pouvait-elle pas tenter le concours de la magistrature ? Seulement voilà : il est hyper-sélectif. Tous les actes subséquents ou diplôme ne devraient-ils pas être invalidés ? Si on triche à un concours, on "vole" la place d'un autre candidat puisque à un concours par définition il n'y a qu'un certain nombre de places. Combien de sur-diplômé se retrouvent au chômage parce que les postes qu'ils méritent ont été attribués à d’autres candidats moins diplômés. C'est pathétique !

Il est bien connu que la meilleure défense est l’attaque. Rachida Dati téléphone au "Canard" pour lui reprocher de s’intéresser à son parcours en raison de ses origines. Et le journal de répondre "refrain connu. Seule solution, ne parler de la ministre qu’en termes élogieux et pratiquer la discrimination ministérielle positive." Personnellement, je fus satisfait de voir une française, d'origine étrangère, au sein du gouvernement mais cette victimisation est un système de défense minable. Comment tenter d'atténuer cette bombe ? C'est tout simple, il suffit de crier au racisme, c'est ce que fait Dati ! Il est donc impossible de l'attaquer, de la critiquer sans s'entendre dire que c'est du racisme.

Rachida Dati n’est pas la seule, semble-t-il, au sein de ce gouvernement à mentionner de "faux " faire-valoir. Brice Hortefeux (2), Christine Lagarde (3) et Roger Karoutchi (4) ont, paraît-il, usé de ce stratagème. Quant à sarkozy, il a redoublé sa sixième et il n’est pas parvenu à obtenir un diplôme à l’IEP de Paris. Par contre, il est détenteur du certificat d’aptitude à la profession d’avocat mais ne plaide pas souvent.

Il n’y a pas de honte à ne pas posséder tel ou tel diplôme, dès lors que l’on fait preuve d’indéniables compétences à l’instar de Pierre Beregovoy qui ne possédait qu’un CAP d’ajusteur et de dessin industriel, et, qu’il n’en est pas moins devenu un regretté Premier ministre ou de René Monory le Ministre de l'Education Nationale qui fut un garagiste et qui n'avait pas obtenu son baccalauréat. Ces Autodidactes n’ont pas menti…eux ! Aux USA, pays de référence de sarkozy, fourvoyer de la sorte justifiait une démission. En France, dans une entreprise ceci justifie un licenciement sec. Mais dans le gouvernement c’est la protégée de sarkozy !

Les jeunes pourraient s’interroger sur l’importance de poursuivre ses études car, en prenant l’exemple, de certains qui nous gouvernent, il suffit de présenter son CV de manière ambiguë, ou pire de le falsifier.

La relative prédominance des diplômes, en tant que preuve des facultés ou capacités, étant démontrée, il convient donc de s’interroger sur les compétences, d’autant que ses dernières peuvent s’acquérir.

C’est "le chaos management " avec Rachida Dati. Hémorragie de son cabinet. En peu de temps plusieurs collaborateurs sont partis. Trois magistrats (5) avaient demandé le mardi 10 juillet 2007 à quitter son cabinet, suivis peu de temps après par Michel Dobkine magistrat expérimenté âgé de cinquante et un ans, a démissionné de ses fonctions vendredi, un mois et demi à peine après son entrée en fonction. Selon " L'Est républicain ", Michel Dobkine aurait réuni ses collaborateurs pour annoncer son départ, en affirmant qu'il en avait assez de se "faire insulter toute la journée ". Ainsi Michel Dobkine, beaucoup plus expérimenté, avec un CV long comme le bras et plus âgé qu’elle, a préféré partir. Depuis l’arrivée de Rachida Dati, 7 conseillers sont partis (6) [Dominique Simonot - Le Canard Enchaîné - Mercredi 05/09/07]. Elle ne parvient pas à retenir ses collaborateurs. En juillet, des sources internes à la magistrature évoquaient de vives tensions. L'Est républicain parlait de relations "dégradées" dans le couple Dati-Dobkine. Un haut magistrat cité par le Canard enchaîné se faisait plus cinglant: "Impossible de se faire maltraiter de la sorte plus longtemps." Est-il impossible de travailler avec Rachida Dati ? Des magistrats le susurrent.

Je suis très dubitatif sur les compétences de Rachida Dati. L’affaire Philippe Nativel, Vice-procureur de Nancy, en est un exemple. Il est convoqué le 29 août au ministère par Rachida Dati, pour des propos qu’il aurait soi-disant tenu contre les peines planchers. Philippe Nativel a toujours démenti les allégations de L’Est républicain. Autre exemple la mutation forcée de Bernard Blais. Mutation forcée pour un futur retraité, pourquoi ? En représailles ? Mais de quoi ? Bernard Blais, procureur général d'Agen, sera muté de force à la Cour de cassation et Rachida Dati ne négociera pas (mardi 30 octobre sur Europe 1) malgré l'opposition des syndicats de magistrats, celle du principal intéressé et surtout avis défavorable du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) estimant qu’ "en surnombre, à quelques mois de la retraite et contre son gré", ne présentait "aucun intérêt". Pourquoi cet acharnement ? Les collègues de Philippe Nativel estiment que c’est ’"un processus d’intimidation inacceptable" portant "gravement atteinte à l’indépendance de la justice"

La gestion des dossiers laisse à désirer. Les avocats du bureau de la conférence des bâtonniers voient du "mépris" dans l'absence de concertation préalable à la réforme de la carte judiciaire Pour Pascal Eydoux, avocat, président de la conférence des bâtonniers pour 2008, la carte judiciaire : "Sur le fond comme sur la méthode politique, ça n’est pas sérieux, […]. En l’espace de quelques minutes, on a un discours du Premier ministre qui dit : On va se concerter, puis un discours de la ministre de la Justice qui dit : J’ai décidé ." . Frédéric Landon, membre du Conseil national des barreaux (qui représente les quarante-sept mille avocats) considère que le "processus de consultation" annoncé au départ, est une "blague". "Nous nous sommes retirés du comité consultatif national car il n’a jamais été consulté. " " On espérait aujourd’hui connaître enfin les rapports des chefs de cours [..]. Ils ne veulent pas nous les communiquer car tout est déjà décidé." précise Frank Natali, président de la Conférence des bâtonniers. Pour Jean-Louis de Bourbon-Bussier, bâtonnier de Fontainebleau, c’est "une réforme qui implique d’augmenter énormément le budget. Comme le gouvernement s’y refuse, ils font la carte judiciaire. Sachant très bien que ça va protester. C’est un écran de fumée fantastique. Ça leur permet de faire croire qu’ils agissent pour améliorer la justice, alors qu’ils n’améliorent rien. "

 

C'est pas une réforme, c'est un chantier de démolition. Certains procès nécessitent la présence des justiciables, et ceux-ci devront faire des kms pour se rendre à l'audience. Elle n’a pas pensé aux citoyens pauvres qui vont aller en justice en tant que plaignant.

La compétence n’est toujours pas avérée…

 

1 - l’hebdomadaire l’Express 25 octobre 2007 confirmé par le canard enchaîné

2 - comme seule mention à la rubrique "cursus", est écrit : "IEP Paris : maîtrise de droit public (1984)". Outre qu'il n'y a jamais eu de maîtrise de droit public à Sciences Po

3 - où une absence de retour à la ligne laisse entendre qu'elle a obtenu son DESS à Sciences Po

4 - Or, l'association des anciens de Sciences Po, qui édite l'annuaire, est formelle : "Quand le nom de la personne n'apparaît pas, c'est qu'elle n'est pas diplômée." Ce que confirme aussi la direction de l'école.

5 - Françoise Andreo-Cohen, conseillère pour le droit des mineurs, Philippe Lagauche, conseiller pour les questions pénales, Xavier Samuel, conseiller pour les libertés publiques

6 - Jacques Carrère, conseiller technique pour l’organisation judiciaire et la magistrature, a donné sa démission, alors que Valérie Bonnard, conseillère technique pour le dialogue social et les affaires budgétaires et administratives, " a été congédiée dans des conditions particulièrement houleuses " et Michel Marquer chef de cabinet.

Publié dans sarkozy et la justice

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